Journal de bord #34

« Il faut copier et recopier d’après les maîtres et ce n’est qu’après avoir donné toutes les preuves d’un bon copiste qu’il pourra raisonnablement vous être permis de faire un radis d’après nature. » Edgard Degas.

Une  rétrospective sur le mois de mai, sous la forme d'un journal de bord, je vous fais part ainsi de la sortie de l'atelier d'une peinture peinte toujours à l'huile réalisée pratiquement sur une année scolaire, une reproduction du tableau Sketch two naucht girls d'Edwin Lord Weeks, peintre américain orientaliste du XIXème siècle. De la pugnacité, de la passion, de l'exaltation ce sont en outre ces principales qualités qui ont permis à Evelyne de patienter. Sept mois de laborieuses avancées, un délai assez long certes mais nécessaire pour élaborer une copie de cette envergure, et du coup de mettre l'accent sur la qualité de l'ouvrage pour être fidèle conforme à l'original.

Au final une très belle peinture, mais aussi un exercice nécessaire pour apprendre à observer, à comprendre s'imprégner de la touche du Maître,  une perpétuelle remise en question et insatisfaction pour évoluer, il ne s'agit ici pas d'être qu'un simple copieur mais au contraire, un bon copiste pour produire une copie créatrice inventive essentielle pour cheminer et progresser dans un geste artistique personnel...

Journal de bord #30

Ainsi donc Un après-midi à Monsanto est terminé, Elisa peut dès lors enfin se réjouir, prendre de la distance  et contempler ce joli tableau. Un travail de longue haleine mais finalement payant. A présent elle doit se détacher de ce dernier pour à nouveau se concentrer sur un autre projet pictural, ce qui lui permettra par conséquent de compléter son apprentissage de peinture à l'huile. Un autre visuel d'autres difficultés et des progrès, en l'occurrence d'acquérir une meilleure appréhension quant à la réalisation d'un tableau de Grand Maître, et le goût. Le goût de ne jamais cesser de peindre...

Journal de bord #27

A des lieux d'ici, un après-midi à Monsanto au Portugal...

Voici une photo qu'Elisa a choisie de reproduire à la peinture à l'huile. Pourquoi dès lors utiliser cette technique? C'est la peinture par excellence de la lenteur, par conséquent du détail et de la précision. Ce temps de séchage lent fait place à certains avantages, comme la possibilité pour l’artiste de prendre le temps nécessaire pour bien mélanger ses couleurs, de peaufiner son œuvre pour se rapprocher de la perfection, ou encore de retravailler son motif durant plusieurs jours jusqu’à obtenir le rendu souhaité. Le droit à l'erreur est donc permis. Elle permet également de travailler une matière particulièrement épaisse à la brosse ou au couteau pour obtenir des effets de relief, ce qui peut rendre l'aspect de la toile intéressant.

Elisa ici ne souhaitait pas représenter à l'exactitude cette photo, autrement dit faire un tableau réaliste, mais au contraire de puiser en elle ses ressentis pour les retranscrire via des touches spécifiques sa patte, attentive au toucher d'une roche aux grains secs d'une terre gorgée de soleil aux feuillages d'un arbre, en somme à toutes ces petites choses qui accrochent l'oeil, et ainsi rendent un tableau attractif et intéressant. C'est un exercice difficile, puisque la personne qui tient le pinceau loin des dictâtes du classicisme doit apprendre à regarder autrement en faisant appel à tous ses sens, ainsi analyser et synthétiser pour exprimer autre chose, réécrire l'imperceptible qu'un simple regard ne peut capter, laisser de ce fait parler sa sensibilité et susciter de l'émotion chez le spectateur...

Journal de bord #26

Jeune fille délivrant un oiseau de sa cage de Jean-Honoré Fragonard et Après le bain, femme s'essuyant la nuque d'Edgar Degas sont les deux peintures terminées à l'atelier il y a quelques semaines, et que je vous livre enfin. Une petite rétrospective de ces deux reproductions afin de mettre en exergue le processus de création de chacune. Avec un zeste de persévérance et de rigueur, de la méthode bien évidement, Claudette et Evelyne en (re)peignant ces tableaux ont pu évaluer les difficultés de chaque oeuvre, et ainsi, comprendre le geste et la touche des Grands Maîtres. Aussi elles ont assimilé de par leur choix de nouvelles techniques de peinture, car chaque toile est une nouvelle aventure, un cheminement avec ses problématiques, voire une ascension dans l'acquisition des connaissances picturales.

 Jean-Honoré Fragonard,

il naît en 1732 à Grasse. Considéré comme le peintre de la frivolité et du Rococo, doué d'une fougue, d'une facilité et d'une virtuosité éblouissante, il résume dans son oeuvre tout le XVIIIème siècle. Il peignit beaucoup de scènes galantes, mais aussi des portraits, des paysages inspirés de peintres hollandais, des peintures religieuses ou mythologiques, ou des scène de bonheur familial, c'est-à-dire des scènes familières (La Leçon de musique).

Fragonard devient membre de la Commune des Arts en 1793. Par la suite, Fragonard est nommé l'un des conservateurs du musée du Louvre par l'Assemblée nationale à la suite de l'intervention de Jacques-Louis David. En 1805, tous les artistes résidents, dont Fragonard, sont expulsés du Louvre par décret impérial, consécutif à la réorganisation de l'édifice en musée Napoléon. La disparition de l'aristocratie commanditaire (ruinée ou exilée) lui fait perdre sa grande fortune. Il s'installe alors chez son ami Veri, au Palais Royal.

Il meurt à Paris en 1806.

   En reproduisant Jeune fille délivrant un oiseau de sa cage, Claudette devait préserver impérativement la légèreté et la fraîcheur du tableau. Respecter les modelés du modèle féminin, jouer avec les transparences et le drapé du vêtement, recréer le jeu de lumière et d'ombre de la roseraie étaient par conséquent les principales contraintes de cette oeuvre, que cette dernière avec de la patience est parvenue en trois mois à achever, un très beau travail à l'huile désormais à encadrer!

Edgar Degas,

il naît en 1834 à Paris. C'est un peintre, graveur et sculpteur français, un dessinateur remarquable, il se fit l'observateur réaliste des gens simples (La Repasseuse), des chevaux (Course de gentlemen), et surtout du corps féminin et des danseuses (La classe de danse) ; il sut en simplifiant les formes, rendre admirablement le mouvement. A la fin de sa vie, sa vue baissant, il n'utilisa plus la peinture à l'huile mais le pastel, et s'adonna à la sculpture. Degas meurt d’un anévrisme cérébral à Paris le 27 septembre 1917.

Si Degas fait officiellement partie des impressionnistes, il ne les rejoint pas dans leurs traits les plus connus. Sa situation d’exception n’échappe pas aux critiques d’alors, souvent déstabilisées par son avant-gardisme. Plusieurs de ses images ont semé la controverse, et encore aujourd’hui l’œuvre de Degas fait l’objet de nombreux débats auprès des historiens d’art.

 

   Evelyne, quant à elle, avait jeté son dévolu sur Après le bain, femme s'essuyant la nuque d'Edgar Degas, un tableau que le peintre avait réalisé au pastel, d'où la difficulté de bien comprendre la touche et de respecter le trait de ce dernier étant donné qu'elle souhaitait la réaliser à la peinture à l'huile, éviter du coup tout soucis du détail pour atteindre un geste plus libre, recréer un jeu subtil de lumière un stratagème pour révéler ainsi  les volumes du corps par quelques notes de couleurs pures. Une fois encore un travail de longue haleine, mais payant un régal pour les yeux!

En somme des samedis après-midi bien studieux...

Journal de bord #22

Lundi dernier Elisa a posé les dernières touches de couleurs pour finaliser la mer et ses raies de lumière, fignolé certains aplats, arrangé çà et là  deux trois petites choses jusqu'à tendre vers l'exactitude, elle n'en croyait pas ses yeux, car l'image morcelée jusqu'à présent a pris sens,  le tableau était enfin terminé! Depuis le mois de novembre, elle consacrait quatre heures d'une journée pour peindre ces fameux BATEAUX PORTUGAIS (1989), où Elisa a appris à analyser les couleurs, à créer sa palette, à se familiariser avec les fondus et les jeux de transparence. Le tableau résume à lui seul l'histoire d'une progression.

BATEAUX PORTUGAIS (1989) de Louis Toffoli, une reproduction d' Elisa effectuée à l'huile.

 

Journal de bord #21

Un tableau va bientôt quitter le coeur de l'atelier. Ainsi Evelyne vient d'achever sa première reproduction GRAINES DE CABANES d'Eric Puybaret, une oeuvre réalisée en quatre mois, qui a nécessité beaucoup de patience tant l'illustrateur aime travailler les détails de ses planches. Les dernières touches posées en février ont donné à notre artiste le goût d'une grande victoire mêlée à des sentiments de satisfaction et de fierté!  En effet, elle peut être heureuse, car c'est un tableau magnifique que vous pourrez venir également voir lors de l'ouverture des Portes des Ateliers d'Artistes le 17 et 18 mai.

 Juste un aperçu pour le plaisir de contempler et admirer...

GRAINES DE CABANES (2005) d'Eric Puybaret, une reproduction d' Evelyne effectuée à l'huile.

 

Et un livre jeunesse que je vous encourage vivement à découvrir tant les dessins somptueux et les couleurs éclatantes sont une invitation au voyage.

A dévorer donc des yeux le carnet de voyage d'un explorateur farfelu qui nous emmène dans des contrées extraordinaires à la recherche de graines au pouvoir magique très curieux...